Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Julie et Philippe
Julie et Philippe
Publicité
Archives
15 mars 2006

La coca (2)

Aujourd’hui, un peu d’histoire, pour comprendre l’importance de cette petite feuille chez les peuples d’Amérique.

La coca est originaire d’Amérique et fut domestiquée il y a 4000 ans. Le fait de domestiquer une plante sauvage constitue la preuve que cette plante répondait à une demande de la part de la population. Les zones de production s’étendaient du Nicaragua au Chili, en passant par le Venezuela, la Colombie, l’Equateur, le Pérou et la Bolivie.

5

Pendant l’époque préhispanique, la coca était considérée comme la fille de Pachamama, la Déesse Terre. Elle était l’offrande principale au Soleil, à la Pluie, était utilisée dans le rites agricoles et déposée dans les tombes. Outre son utilisation religieuse, la feuille de coca faisait partie de la pharmacopée traditionnelle pour soigner les rages de dents, les douleurs d’estomacs et pour ses vertus cicatrisantes. Le travailleur l’utilisait pendant l’effort, car elle coupe la faim, la soif et augmente la tolérance au travail. Avec les Incas, la feuille de coca devint en plus une monnaie d’échange, un produit de valeur. Elle fut soumise à un contrôle de l’Etat, qui créa de grandes exploitations ‘publiques’ et préleva des impôts.

cp4_16inca

Dans les années qui suivirent la colonisation, la consommation de coca connut une augmentation spectaculaire. Les grands domaines étatiques incas ne suffirent plus à satisfaire la demande.
Deux explications parallèles rendent compte de cette hausse de la consommation.

   1/Les Conquistadors mirent en esclavage une grande partie de la population indigène pour travailler dans les mines, les domaines agricoles, les travaux publics… Les indiens furent forcés d’adopter un rythme de vie beaucoup plus dur que celui qu’ils avaient avant la conquête. La mastication de la feuille de coca les aidait à supporter et à tolérer la dureté de leur nouvelle condition. Au début, l’Eglise Catholique condamna son utilisation, car elle était trop liée au monde religieux andin. Cependant, bien vite, les colons découvrirent sa faculté à faire travailler leurs esclaves plus durement et plus longtemps. Elle fut alors tolérée, puis les colons réussirent un coup de maître. Ils contrôlèrent la production, prélevèrent des impôts sur sa commercialisation, la vendirent a l’entrée des mines et améliorèrent ainsi le rendement de leurs esclaves. Autrement dit, ils eurent le beurre et l’argent du beurre.

chus7

Mineur mâchant la coca (voyez sa joue gonflée)

   2/ Face à leur servitude, les indigènes virent la coca comme un refuge, un moyen de perpétuer les gestes d’antan et de préserver leur culture. Les utilisations de la feuille sacrée restèrent les mêmes que par le passe.

coca4 coca1

Boites à coca, époque coloniale

Dans les années 1850, les scientifiques commencèrent à s’intéresser aux propriétés de la coca. La cocaïne fut alors inventée ( a La Paz ou en Autriche selon les sources), et la coca connut ses heures de gloire. De nombreux produits dérivés furent synthétisés, comme les premiers analgésiques, le Vin Mariani ancêtre du Coca (français s’il vous plait). La Bolivie exportait sa coca en Europe et aux Etats-Unis et importait de la cocaïne pour des usages médicaux. Cette époque de gloire dura peu, car on découvrit bientôt les effets néfastes de la cocaïne. Les instances internationales demandèrent alors d’arrêter la production de la coca. Mais pour la Bolivie, pays producteur et consommateur de coca, abandonner cette activité licite, prospère, et si profondément ancré dans sa culture était inimaginable.

vin_mariani

1988 fut une année décisive. Les termes ‘usages traditionnels’ et ‘usages illicites’ de la coca furent définis au niveau international. Les Nations Unies reconnurent la légalité de l’usage traditionnel de la coca, en tant que droit humain fondamental.

Ainsi on commença à distinguer la ‘production pour l’usage traditionnel’, ce pour quoi se bat Evo, de la ‘production à fins illicites’, ce contre quoi luttent à la fois les Etats-Unis et les gouvernements boliviens, celui d’Evo y compris . 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité