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Julie et Philippe
Julie et Philippe
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21 mars 2006

La coca (4)

Chose promise, chose due, voici le dernier message sur la coca. Si vous vous demandez si l’on ingère de la cocaïne quand on mâche de la coca ou qu’on boit un mate, si vous pensez que les Boliviens sont de gros toxico, ou si vous voulez connaître la ‘vérité scientifique’ sur les effets de la coca en usage traditionnel, lisez la suite !

Les feuilles de coca contiennent 0,5% de cocaïne. Voici quelques chiffres pour mettre les idées en place, et chasser les préjugés.

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Première constatation : le mate de coca ne contient (quasiment) pas de cocaïne, et a donc très peu d’effets sur le buveur, occasionnel ou non. Autrement dit (pour les parents inquiets) il n’y a absolument aucune dépendance avec le mate de coca.

Deuxième constatation : l’échelle de temps de la réponse physiologique est très différente entre l’injection et l’alculli. L’effet ‘flash’ d’une piqûre de cocaïne n’existe pas avec l’usage traditionnel, pour lequel l’absorption est lente et continue.

Troisième constatation : l’alculli ne crée pas non plus de dépendance, et les concentrations sanguines de cocaïne sont 10 a 40 fois inférieures à celles provoquées par les injections de cocaïne.

cocachew  recently_06_51

L’alculli provoque donc l’absorption de cocaïne. Mais quels sont ses effets ?

« Il me semble qu’en mâchant mes peines et mes difficultés s’en vont et que je travaille sans me fatiguer»

« Je ne ressens ni la soif, ni la faim, ni la fatigue, ni le sommeil »

voilà ce que disent souvent les adeptes de l’alculli.
Les scientifiques, éternels sceptiques ayant besoin de preuves pour croire, se sont penchés sur la question et voilà ce qui a été découvert jusqu'à présent (liste non exhaustive…) :

L’alculli a peu d’effets sur la capacité à travailler plus, mais permet de mieux tolérer l’effort. Autrement dit, les mâcheurs peuvent travailler très longtemps, ce qui est tout à fait adapté aux travaux dans les champs ou dans les mines, du temps de l’esclavage mais aussi aujourd’hui où les conditions de travail sous terre restent terrifiantes. On raconte même qu’un coquero peut piétiner pendant 48h sans s’arrêter, ni manger, la pâte de coca lors de la transformation en cocaïne.

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Les centres respiratoires sont stimulés par l’alculli, c’est-à-dire que le rythme respiratoire s’adapte mieux à la concentration d’oxygène de l’air. De plus, les bronches sont dilatées, ce qui entraîne une baisse de la résistance aérodynamique à l’entrée d’air dans les poumons. Rien à dire à part que c’est un excellent moyen de s’adapter à la raréfaction de l’oxygène à 4000m d’altitude.

L’augmentation de la concentration d’hémoglobines dans le sang est un autre effet de l’alculli. Cela signifie que l’organisme dispose d’une plus grande quantité de ‘transporteurs’ d’oxygène, des poumons jusqu’aux tissus qui en ont besoin. Même conclusion qu’au-dessus !

globules_sang

La vie en altitude est consommatrice d’énergie, toujours à cause de ce fameux manque d’oxygène (et du froid accessoirement). La demande de l’organisme en sucre lent est forte, et l’alimentation des paysans de l’Altiplano en est riche. Belle adaptation me direz-vous! Mais ce n’est pas tout : la coca régule le métabolisme du glucose, c’est-à-dire qu’elle limite les hypoglycémies, en permettant l’utilisation lente et progressive des calories. Voila pourquoi les travailleurs disent qu’ils ne sentent pas la faim. Pour autant, ceux qui pratiquent l’alculli ne mangent pas moins et ont le même régime alimentaire que les autres.

Voilà quelques conclusions scientifiques qui légitiment l’usage traditionnel de la coca...

coca_leaves_coca_fruit12

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